CIV/Appels à l’union de l’opposition: Un Ivoirien, révolté, dénonce et recadre Gbagbo, Thiam, Anaky et tous les politiciens

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Dans une contribution parue dans les colonnes du confrère « Dernière Heure Monde » et intitulé : « Des appels à l’union de l’opposition aux défis de cohérence, de leadership et du respect de la parole », Aubin Félix AMANI, Citoyen Ivoirien et Militant du PDCI-RDA, dénonce les attitudes et autres comportements des leaders politiques ivoiriens qui disent une chose et font exactement son contraire. De la nécessité de l’union, du leadership de l’union, du respect des engagements pris et le cas du PDCI-RDA, tout y passe. Lisons ensemble.

Introduction

Le 14 juillet 2024, Laurent Gbagbo, président du PPA-CI profitant d’un déplacement à Bonoua, lança un appel à l’union de l’opposition. Ce message dénommé désormais « appel de Bonoua Â» tourne autour de trois principes : 1. l’invitation à l’union ; 2. le leadership de ladite union ; 3. le respect des engagements autrement dit le respect de la parole donnée.

Laurent Gbagbo
Laurent GBagbo du PPA-CI

Le 24 juillet suivant, le président Anaky Kobenan du MFA lançait un appel à l’union de l’opposition pour plancher sur les questions chaudes de la nation. Dans la foulée, le 09 août suivant, un point de presse de partis politiques et d’organisations de la société civile est organisé au siège du PDCI RDA sur le système électoral anti-démocratique en vigueur. Ces appels à l’union, qui ne sont pas les premiers du genre, ne seront-ils pas un énième pétard mouillé ? A quelles conditions pourraient-ils réussir ?

De la nécessité de l’union

Anaky et Gbagbo, en bons vieux briscards, connaissent très bien le marigot politique ivoirien et la mentalité de leurs collègues politiciens. En réalité, le défi de l’union est le vrai banc d’essai que peu d’hommes politiques réussissent, spécialement au sein de l’opposition politique où les agendas cachés en embuscade ont toujours eu raison des problèmes réels de la Nation. Les différentes crises politiques qui ont traversé la Nation sont dues à l’incapacité de ces leaders de s’unir et mettre l’intérêt général au-dessus de l’intérêt particulier. Le jeu du clair-obscur, des demi-mensonges et de la perte de la sacralité de la parole donnée, n’encouragent pas forcément à l’union encore moins au succès des actions communes.

Du leadership de l’union

Anaky Kobenan

La politique à l’ivoirienne, hélas, a été réduite au jeu de dupe et du double langage eux-mêmes synonymes du « politiquement correct Â». Les acteurs s’en servent pour tirer la couverture de leur côté. Leur parade est de n’être jamais au courant de rien afin de se donner une marge de manÅ“uvre pour pivoter dans un sens ou dans l’autre, en fonction de leurs intérêts et ceux de leurs cercles restreints, avec pour objectif de se poser au centre du jeu. Ils sont experts dans l’art de faire exactement le contraire de ce qui pourrait aller dans le sens du bien commun, une fois que leur intérêt personnel est menacé. Aussi, sont-ils capables de dire une chose et faire exactement son contraire dans la réalité. Le louvoiement avec l’intérêt général met la nation dans la situation actuelle compliquée et étriquée. Ainsi, très peu sont des hommes d’Etat, c’est-à-dire pouvoir mettre la vie de la nation au-dessus de la leur. Ce qui aboutit inévitablement au manque de vision de l’alternance politique, y compris même au sein de l’opposition.

Du respect des engagements pris

Force est de constater que l’on est prêt à renier ses principes et valeurs voire violer ses propres textes sans même se soucier des conséquences. La précision du dernier principe par Gbagbo qui semble une mise en garde contre toute tentative de duperie n’est pas fortuite. Dès lors que le respect des simples règles sont écartées, la politique perd sa noblesse et devient un cirque ou une jungle. Pour justifier leur forfaiture, ils présentent l’objectif principal à atteindre, à savoir : être élu comme l’essentiel, au mépris des règles minimales du vivre ensemble. Or, les textes et règles sont là pour encadrer et rappeler que le désir de la majorité du peuple ou de l’électoratest ce qui compte, et que la fin ne justifie toujours pas les moyens. Les enfreindre implique le biaisement du débat en interne voire carrément son absence. Or, le « politiquement correct Â» est devenu le crédo d’une certaine classe politique, surtout dans l’opposition. Il suffit de ne pas être d’accord avec une ligne de la direction d’un parti pour être traité de tous les noms d’oiseaux. Cette situation est généralisée dans presque toutes les formations politiques. Les exemples sont légion.

Cas du PDCI-RDA

Tidjane Thiam

Dans ma chapelle politique, il y a un groupuscule dit « nouveau type de militants Â» qui, se réclamant du président du PDCI-RDA, s’est constitué en donneur d’ordre, de leçon et de morale au mépris de tout le fonctionnement de l’appareil du PDCI-RDA. Ce groupuscule a parfois le culot d’invectives, de moqueries ou même d’irrespects envers de très hauts cadres du PDCI qui peuvent avoir l’âge de leur père, qui ont payé le prix fort pendant les moments de braise de la lutte démocratique en Côte d’Ivoire. Par ce même groupuscule, Tidjane Thiam bat le record des conseillers dits « de l’ombre Â» qui, paradoxalement ne savent même pas tenir une table de séance de réunion politique au PDCI-RDA. Se reconnaître en Thiam et le soutenir est une très bonne chose. Mais il est, au demeurant, le président d’un parti politique. Piétiner le fonctionnement interne de ce parti au nom d’une quelconque proximité avec lui au mépris du règlement est un sabotage périlleux et dangereux qui fragilise le parti et son unité, plutôt que de le construire et le consolider.

Si le mouvement d’adhésion de masse tant annoncé n’est pas canalisé et encadré, il peut très vite devenir une bombe à retardement politique. Ceux qui justifient ces écarts par un souci de « l’efficacité Â» et du « gouverner autrement Â» doivent avoir en mémoire le passé et l’histoire du parti que j’appellerai « la tradition Â». L’efficacité d’un parti politique n’est pas celle d’une entreprise privée. Le PDCI-RDA demeure avant tout un parti politique avec un fonctionnement propre et non une entreprise privée. A la différence que l’adhésion à un parti politique est bénévole et libre avec pour objectif la conquête du pouvoir politique, alors que l’adhésion à une entreprise privée est lucrative avec pour objectif le gain financier. Ce qui implique obligatoirement deux systèmes de management différents.

La direction du parti devrait se pencher sur cette question afin de mettre fin à ce vacarme diviseur au sein du PDCI-RDA. Le conseil de discipline doit agir non seulement pour l’atteinte au parti et son président, mais aussi à tout militant par un autre militant quel que soit son niveau. Des militants et compagnons se sont battus pour que le parti soit à son niveau actuel. Certains ont fait la prison et d’autres sont morts. Le minimum qu’ils méritent, c’est la reconnaissance et le respect. Le président du parti devrait mettre fin à tout ce tintamarre de division, si son objectif est réellement de travailler dans la cohésion et la sérénité. Le travail qui attend chaque militant à son niveau pour 2025 est trop sérieux. Il faut donner aussi l’espace au débat même contradictoire en interne. D’autant plus qu’au PDCI RDA il y a un esprit qui dicte le code comportemental. Ne dit-on pas que le PDCI est un esprit Ã  ne pas plagier ?

Conclusion

Gbagbo Thiam Anaky

Pour que l’opposition atteigne son objectif, il faut remplir trois conditions : 1. avoir conscience de l’impériosité de l’union ; 2. travailler à l’élaboration des critères du leadership ; 3. respecter les engagements pris. Ces défis sont à relever à plusieurs niveaux depuis les chapelles politiques, jusqu’à toute l’opposition, en passant par les coalitions. C’est seulement à ce prix, qu’une vraie plateforme de toute l’opposition pourrait faire pression pour le rééquilibrage du système électoral (la CEI, le découpage électoral, la liste électorale, la transparence des scrutins etc.). Pour l’heure, elle semble très mal partie et mal barrée pour 2025 pour la carence d’union vu le travail colossal à abattre dans un deadline très court. Les Ivoiriens sont fatigués et se meurent. Ils attendent beaucoup de nous et nous n’avons pas le droit de les abandonner. Sinon, on peut faire toutes les acrobaties politiques possibles, une seule chose demeure: dans les conditions actuelles, même si Mahomet et Jésus descendent du ciel pour être candidats aux élections présidentielles de 2025, ils les perdront.

Aubin Félix AMANI

Citoyen Ivoirien

Militant du PDCI-RDA


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