Suite à l’annonce du prix bord champ de la noix de cajou, vendredi dernier, le Syndicat national des acteurs et professionnels de la filière anacarde (SYNAPFA-CI) a produit une lettre ouverte au Président de la République, Alassane Ouattara, ce lundi 20 janvier 2025.
LETTRE OUVERTE
A
Son Excellence Docteur Alassane OUATTARA,
Président de la République de Côte d’Ivoire
Objet : Réaction à la fixation du prix bord champ 2025 De la noix brute de cajou.
Excellence Monsieur le Président,
Ce vendredi 17 Janvier 2025, lors des Journées Nationales des Producteurs du Coton et de l’anacarde (JNPCA), le prix bord champ planché de la noix brute de cajou a été fixé à 425 FCFA le kg. A voir de loin, cela constitue une aubaine pour nos producteurs. Mais à voir de près, cela ne réjouit pas les producteurs. A preuve, leurs réactions impassibles après l’annonce du prix. Et leur réaction est légitime Excellence Monsieur le Président. En effet, des 425 F CFA, leur marge bénéficiaire est de 70 F CFA par kg, car le prix de revient de la noixbrute de cajou s’élève à 355 F CFA par kg. Le rendement moyen par hectare (ha) est de 450 kg et en moyenne, un producteur exploite 3 ha. Ainsi la marge bénéficiaire annuelle du producteur est de 94 500 F CFA (70x3x450) . Qui peut nourrir, soigner sa famille, envoyer ses enfants à l’école avec 94 500 F.CFA par an ? La question reste posée. Sauf votre respect, Excellence Monsieur le Président, nous voulons vous proposer des pistes de solution pour améliorer les conditions de vie et de travail des producteurs.
A- Dans l’immédiat
Nous avons proposé une matrice des prix pour cette Campagne 2025 (Courrier Réf : SYND/SG/LS/001-2025 du 15 Janvier 2025) qui prend en compte certaines préoccupations, qui, même si elles ne résolvent pas tous les problèmes, permettent d’atténuer la souffrance des producteurs. Nous pouvons citer entre autres:
Un prix bord champ planché de 500 F
Une prise en charge de plus de 400 000 producteurs pour la Couverture Maladie Universelle (CMU)
L’inscription de plus de 400 000 producteurs au Régime social des Travailleurs Indépendants
Une contribution aux charges funéraires de tout décédé
Une contribution à l’amélioration du rendement des vergers
Une subvention pour la poursuite du projet de feu le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly
Excellence Monsieur le Président, nous mettons au défi quiconque dans la filière anacarde qui dira que notre proposition de matrice des prix lui porte préjudices. Ils pourraient dire que le prix est déjà fixé et on ne peut plus rien faire. Nous rétorquons qu’en 2010, sous l’influence des Multinationales, le prix bord champ de 150 F avait été imposé par l’ARECA et l’Intercajou contre 180 F CFA réclamés par les producteurs. Nous avons dû perturber la commercialisation pour que notre revendication soit prise en compte.
Excepté cette année, le prix de l’anacarde a toujours été fixé en mi-février à l’ouverture de la Campagne. Excellence Monsieur le Président, vous êtes le dernier recours des producteurs d’anacarde.
B- L’année Prochaine (2026)
Excellence Monsieur le Président, l’état fait beaucoup d’efforts pour accélérer la transformation sur place de la noix brute de cajou. Le dernier en date est la suppression du DUS sur l’exportation de l’amande de cajou. Nous estimons que cette exonération doit être conditionnée. En effet, le prix d’un kg d’amande de cajou à l’extérieur varie entre 10 000 et 12 000 F CFA le kg. Pour une entreprise qui exporte 1 000 T, même si nous prenons 10 000 F le kg, cela lui fait un chiffre d’affaires de 10 milliards. Le DUS sur ce montant est de 500 millions. Ainsi, pour 10 milliards engrangés, l’entreprise se trouve dans l’incapacité de payer 500 millions à l’état de Côte d’Ivoire. Ne soyons pas surpris si l’année prochaine les entreprises de transformation demandent une réduction du BIC. Si cette exonération doit être maintenue, le SYNAPFA-CI demande que les entreprises de transformation ouvrent leur capital aux producteurs dont les actions seront évaluées en kg de noix de cajou brute. Ceci permettra de :
 Résoudre leur problème d’approvisionnement
 Constituer une seconde source de revenu pour les producteurs.
Excellence Monsieur le Président, l’accélération de la transformation de la noix brute de cajou comme vous le souhaitez ne se fera pas dans l’immédiat avec les transformateurs actuels. En effet, les multinationales qui produisent la plus grande quantité d’amande n’ont aucun intérêt à ce que la côte d’ivoire soit le premier transformateur et exportateur d’amande et ceci pour deux raisons :
1-Le prix de l’amande à l’international pourrait chuter. Cela sera un manque à gagner pour elles
2-Le flux de devises étrangères sera plus important vers la côte d’ivoire que vers leurs pays d’origine SYNAPFA-CI propose donc à l’état d’explorer une autre piste pour la transformation rapide de la noix brute de cajou en Côte d’Ivoire.
C- A court terme
Il a toujours été dit en Côte d’Ivoire que les collectivités locales sont des agents de développement. Elles doivent créer des richesses. Pourquoi elles se contentent donc des subventions de l’état ? S’il y a des sociétés d’état, pourquoi on ne parle jamais de sociétés régionales ou communales ? Nous avons vu plus haut ce que peut rapporter 1 000 T d’amande à une entreprise de transformation.
Excellence Monsieur le Président, il faut imposer à nos collectivités locales la création des entreprises de transformation à actionnariat populaire avec comme actionnaires :
 Les collectivités locales
 Les producteurs
 Les fils et filles des régions (sans distinction de parti politique, de religion et autres)
 LES Opérateurs économiques de la région (sans distinction de nationalité, de parti politique, de religion et autres)
 CNPS
 CGRA
 CDC-CI
 BNI
Si chaque région de production (il y en a 19) installe une unité de transformation qui produit 5 000 T d’amande, les 19 Régions pourront transformer 380 000 T de noix brute de cajou. Si nous ajoutons à cela les 240 000 T transformées actuellement, nous sommes audelà des 50% du taux de transformation souhaité. SYNAPFA-CI se tiendra à côté des collectivités locales pour mener à bien cette mission.
Excellence Monsieur le Président, voici en quelques lignes notre réaction à la fixation du prix bord champ 2025 de la noix brute de cajou.
Dans l’attente d’une suite favorable, Veuillez croire Excellence Monsieur le Président de la République, à l’expression de notre profond respect.
Abidjan, le 20 Janvier 2025
LE SECRETAIRE GENERAL
SOUMAHORO LASSINE
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de www.iciafrique.net, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.
En savoir plus sur ICI AFRIQUE
Subscribe to get the latest posts sent to your email.